Interview Gilles Cairoli – Sport Progrès

Publié le 8 mars 2021

Gilles Cairoli est coach sportif au sein de l’association Sport Progrès qu’il a créée en 2008.

« Je voudrais aider ces pilotes en devenir, à devenir des pilotes ! »

Bénévole, il encadre les pilotes du FT Racing Academy par passion et par amitié pour Marc Fontan, avec qui il a su établir une solide relation. Marc a toujours été son idole et travailler ensemble, depuis toutes ces années, est l’illustration parfaite de leur respect mutuel.

Ancien sportif de haut niveau, Gilles Cairoli a un parcours éclectique. D’abord, rugbyman de 1978 à 1995, il évolue en première division à Chambéry pendant 8 saisons. Spécialiste du triathlon de 1995 à 2007, il se remet complètement en question car ce sport requiert des qualités complètement différentes. Et c’est au même moment qu’il obtient son brevet d’État pour le sport collectif par passion pour le sport.

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Ne se considérant pas comme un pilote hors norme, il est vainqueur du Bol d’Or Classic en 2014 à Magny-Cours. Poursuivant son chemin par la force athlétique, le deadlift, il aime se fixer un but : en tant que sportif de haut niveau, le sport n’est pas un loisir mais un dépassement de soi avec un challenge à relever en ayant des objectifs. C’est sa raison pour s’entraîner que ce soit en VTT, en randonnée à ski ou en raid en peau de phoque.

Gilles Cairoli est un passionné de sport dans sa globalité !

Tout a véritablement commencé avec son père, lorsqu’il prend ses premières licences sportives à l’Union cycliste toulonnaise alors qu’il n’a qu’entre 8 et 10 ans.

 Ensuite, « Le rugby a été une superbe aventure jalonnée de rencontres avec des gens extraordinaires. J’ai appris beaucoup de choses sur le partage, l’esprit et l’engagement collectif. Je suis arrivé au bout de ce que je pouvais apporter au bout de 15 ans, physiquement et mentalement. »

Sentant qu’il ne pouvait plus progresser, à la fin de sa carrière, Gilles est revenu dans son club d’origine et de cœur à Thonon-les-Bains, en tant qu’entraîneur-joueur, et transmettre toute son expérience à ses partenaires, à ses coéquipiers et à toutes les autres personnes qui l’entouraient.

Après le rugby et en souvenir de cette expérience, il s’est lancé dans un sport solitaire, le triathlon, revenant à ses premières amours en remontant sur un vélo et en faisant de nouveau la fierté de son père.

« J’ai toujours aimé le vélo, c’est un dépassement de soi et rares sont les sports qui vous obligent à aller aussi loin ! »

Pour le triathlon, le travail a été énorme : perdre 20 kilos, acquérir une très bonne technique de nage et pratiquer sans cesse le vélo et la course à pied. Les heures de travail ont été incalculables tout en profitant de la grande expérience de ses deux filles, qui ont été des nageuses de très haut niveau.

 

« Beaucoup d’heures de travail, c’est passionnant ! ».

 5ème meilleur français en coupe d’Europe au Triathlon international de Genève, Gilles estime que son expérience a été correcte pour quelqu’un qui venait du rugby. Cependant, il le dit lui-même :

« Cette 5ème place a été mon Graal ! »

Son expérience du rugby l’a ensuite bien conditionné pour le deadlift :
« J’ai eu la chance d’avoir un entraîneur qui était un visionnaire. Si j’ai pu finir ma carrière sans avoir de gros problèmes physiques, c’est surtout grâce à lui ! ».

Il lui concoctait des séances de musculation adaptées à son poste, avec un programme dédié pour éviter de se faire mal. Aussi, il y avait beaucoup de gainage. En tant que talonneur, le programme était centré sur le haut du corps. Fort en puissance musculaire, ses épaules et son dos bien développés étaient un atout en natation. Le deadlift était donc une prolongation naturelle de tout ce travail effectué sur le haut du corps : la reprise de la musculation a été surtout abordée pour entretenir une stature. Et, suite à un défi lancé par un copain, Gilles s’est inscrit à un concours à Thonon-les-Bains…

Cependant, sa longue expérience en sports collectifs et individuels a été jalonnée par d’autres faits marquants. À fond dans le rugby, la moto a toujours été une passion dévorante malgré le manque de finances.

Ce point s’améliorant avec le temps, Gilles a pu s’offrir des motos de piste et des stages de pilotage, jusqu’à devenir le vainqueur du Bol d’Or Classic en 2014 à Magny-Cours.

« Je ne suis pas un pilote hors norme, mais gagner le Bol d’Or Classic prouve que j’ai un bon coup de gaz. C’était un beau résultat et une belle preuve de mon niveau de pilotage. »

Cette épreuve offre un niveau très élevé et beaucoup d’anciens pilotes de haut niveau y participent. Ils ne viennent pas les mains dans les poches avec du matériel bas de gamme, des usines les aident !

« Quand on a été sportif de haut niveau, on ne fait pas les choses à moitié. Donc, si je m’engage à faire des courses de moto c’est que j’ai tout mis en oeuvre pour être devant. Je dis à mes pilotes : Il ne faut jamais faire les choses à moitié. Vous allez bénéficier de 50 ans de pratique sportive, d’échec et de réussite. Et ce concentré de pratique vous est entièrement dédié en ne gardant que ce qui vous est bénéfique ! Prenez et absorbez ce que je vais vous dire. Je ne suis pas le meilleur en trajectoire mais je vous apporterai la préparation mentale, la volonté, le calme et la réflexion avant la prise de décision. »

Jamais avare de conseils, Gilles explique calmement, par l’exemple, que si un pilote qui était derrière nous dépasse, c’est qu’il était plus lent, donc cela ne sert à rien de s’énerver. Il faut se recentrer et analyser sans se précipiter dès le virage suivant ! Penser et structurer son prochain dépassement est primordial. Il faut être sûr de soi sans faire les choses dans la pagaille.

« Il faut être fort dans sa tête et dans son corps ! »

Alors, la préparation physique est très importante ! Les pilotes sont des sportifs de haut niveau et il leur dit souvent :

« Tu es en forme physiquement, alors cela ne va jamais te peser et tu pourras te concentrer sur ton pilotage, tes réglages, la stratégie de course et discuter avec tes mécanos. Ta condition doit t’apporter la sérénité nécessaire et la course ne représentera aucune fatigue. Il faut être sûr de soi dans le sens positif de la chose ! Par exemple, tomber aux essais doit être une anecdote, sinon cela devient une catastrophe et pollue tout le week-end de course. »

L’alimentation est aussi primordiale, quel que soit le moment de l’année. Une pause repas de qualité est toujours nécessaire. Bien sûr, il laisse le soin aux spécialistes de se charger de cette partie mais n’oublie pas de préciser qu’une mauvaise alimentation est le début d’une performance physique et mentale amoindrie. Le cerveau privilégie toujours la phase digestive à toutes les autres ! La phase de somnolence étant l’exemple le plus flagrant.

Le sommeil, trop souvent négligé, est aussi un élément clé !

Les heures de sommeil correspondent au moins à la somme totale des heures d’entraînement.

À l’issue d’un stage dirigé par Gilles, tous les pilotes sont unanimes : ils ne s’imaginaient pas capables de réussir les épreuves concoctées avec soin. Et s’ils sont capables de suivre ces stages, ils sont capables d’effectuer tout le reste facilement.

En deux jours de stage, le mental est aussi éprouvé que le physique. Le chef d’orchestre ne relâchant jamais la pression. Tant que les exercices ne sont pas bien réalisés, il faut recommencer jusqu’à l’assimilation complète.

Le but ultime étant d’être bien dans son corps et dans sa tête. Et cette préparation complète et régulière est la recette développée depuis la Dark Dog Academy.

Pierre angulaire, Gilles Cairoli reste pourtant humble en ne se considérant jamais comme une pièce maîtresse, et pourtant…Se définissant lui-même comme étant la petite cale qui stabilise la table vacillante, il transmet et partage son sens de l’humilité et du don de soi tout naturellement, au même titre que son incroyable passion. Ses récits sont captivants tout comme son personnage. Accessible et respectueux, les anciens pilotes, comme les nouveaux, n’hésitent jamais à partager un moment avec lui même en pleine préparation de course.

Gilles admire tous ceux qui sont meilleurs que lui, la jeune génération en premier ! À chaque changement d’orientation, il a su acquérir de l’expérience en rencontrant des gens différents qui lui ont énormément apporté. Chaque remise en question a été très bénéfique et sa carrière sportive continue, elle ne s’est jamais arrêtée après le haut niveau. Il reste dans le milieu sportif tout en pratiquant.

C’est ainsi que les pilotes du FT Racing Academy ont effectué un stage au début du mois de janvier avec lui. Arrivant avec leur statut de pilote dès les premières minutes, la relation coach-élève s’est rapidement tissée, car la méthode Cairoli est toujours basée sur le respect et l’amitié. Malgré l’entraînement infernal infligé, tout le monde en redemande ! Gilles est toujours là pour les faire progresser.

Il observe que tous les pilotes de l’équipe ont leurs qualités propres et les différents stages devront les aider à beaucoup progresser.

Le prochain, servira à tester la forme des pilotes et savoir s’ils ont appliqué le programme et les conseils reçus précédemment. La première journée sera dédiée aux tests clés de condition physique, en reprenant en partie ce qui a déjà été fait. La seconde, sera consacrée à la cohésion en organisant une sortie en montagne tous ensemble, pendant quatre heures, en raquettes ou en VTT.

 

Chaque pilote est un adversaire sur la piste, mais ils peuvent tous s’apporter quelque chose en dehors. C’est un point très important car c’est toujours un travail d’équipe qui tire tout le monde vers le haut !

« Il faut accumuler du positif car les bons moments vécus ensemble serviront à quelque chose dans les moments difficiles. Ces moments de partage sont essentiels : l’entraide et l’écoute forment aussi le socle qui est sans cesse développé. Il faut toujours emmener les autres avec soi », une philosophie retenue du rugby.

C’est ainsi que notre coach sportif établit une passerelle facile entre sa longue expérience et la transmission aux générations actuelles. Aussi, chaque information est accompagnée d’anecdotes succulentes.

Mais pour en savoir plus, il vous faudra discuter avec Gilles, qui est une source intarissable !

C.D.

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